Le texte suivant écrit par M. Jean-Pierre Proulx dans la revue « Figures de Prou » nous a été fourni par M. Proulx comme exemple de recherche ou de projet d’articles à partir de données trouvées sur le site clergenealogie.org, mis en ligne par la Société de généalogie Saint-Hubert. Note de la rédaction |
La recherche généalogique repose en grande partie sur les actes de mariage. Pourtant, un grand de personnes ne se sont pas mariés. Plusieurs, femmes ou hommes, sont demeurés célibataires. Et pour cause! Ils voulaient devenir prêtres, religieux ou religieuses. Ce sont « les grands oubliés de la généalogie », comme l’écrit la Société de généalogie Saint-Hubert. Et pour les sortir de l’oubli, elle a créé la banque de données Clergénéalogie. Au 15 juin dernier, elle en avait retracé 71 713 ! Et parmi ceux-ci, des Proulx, bien sûr! Figures de Prou vous présente aujourd’hui dans l’ordre le premier prêtre séculier, la première religieuse, le premier prêtre religieux et le premier frère et qui porte notre patronyme. Premier jusqu’à maintenant, jusqu’à ce que l’on en découvre de plus anciens! Car la recherche se poursuit. Jean-Pierre Proulx |
Antoine Proulx, prêtre
1726-1788
Antoine Proulx nous est déjà connu. C’est à lui que les Proulx d’Amérique doivent le « l » de leur patronyme. Son acte de baptême en avait pourtant fait un « Prou », comme le voulait encore l’usage au début 18e siècle. Et c’est sous ce nom qu’il a fait ses études au petit séminaire de Québec. Un « l » dans son nom? Pourquoi? Et pourquoi pas ? Une jolie fantaisie! On relève cette graphie pour la première fois le 23 octobre 1751, dans le registre de Saint-Michel de Yamaska.
Antoine naît à Neuville le 15 juin 1726 du mariage de François Proulx et de Thérèse Faucher. Il est le neuvième d’une famille de 12 enfants. Ses grands-parents paternels sont Jean Prou et Catherine Pinel, couple fondateur de la troisième lignée de Proulx en Amérique. Son grand-père maternel Barthélémy Faucher s’est marié à Québec avec Sibille Brian avant 1646., mais on n’en sait pas plus.
Notre futur prêtre fréquente très probablement la petite école de Neuville que les sœurs de la Congrégation Notre-Dame y ont ouverte vers 1711. Vers 1738, à 12 ou 13 ans, il entreprend ses études classiques au collège des Jésuites de Québec tout en résidant au Petit Séminaire comme c’est l’usage. Il les termine sans doute vers 1746. Il entre alors au Grand Séminaire pour y faire ses études théologiques. Il est ordonné prêtre le 15 septembre 1751, probablement par Mgr Dubreil de Pontbriand (1708-1760).
Cette même année, encore tout jeune prêtre, – il a 25 ou 26 ans – il est nommé curé à Yamaska puis en 1758, à Terrebonne. Il décède à Montréal, le 7 novembre 1788, et est inhumé dans la crypte de l’église de Terrebonne.
Peinture de Louis Dulongpré, Musée national des Beaux-Arts du Québec, (48,7 x 43,4 cm). En ligne : https://collections.mnbaq.org/fr/oeuvre/600037095. Repéré le 29 juillet 2021.
Marie-Louise-Stéphanie Proulx – Sœur Ste-Julie
1830-1913
La première religieuse Proulx, connue à ce jour, naît le 28 avril 1830 à Baie-du-Febvre du mariage de Hyacinthe Proulx et de Julie Robidas et est baptisée sous le simple nom de Marie. Elle descend, comme Antoine Proulx, de Jean Prou et de Catherine Pinel. Sa mère a comme ancêtres Claude Robidas et Isabelle de Guitre, des pionniers de Baie-Saint-Antoine. Elle est aussi connue sous le nom de Marie-Louise-Stéphanie ou simplement Stéphanie sans que l’on sache (encore) pourquoi. Elle est l’aîné d’une famille de 11 enfants.
Le 28 mars 1848, elle entre chez les Ursulines de Québec. Elle a 18 ans. Deux ans plus tard, le 18 juillet 1850, elle fait sa profession. Elle sera connue sous le nom de Sainte-Julie hérité sans doute du prénom de sa mère, voire de sa sœur qui la suit. Elle connaît une longue vie. Elle meurt en 1913, à 80 ans.
Édouard Proulx, jésuite
1851-1929
Les archives du Séminaire de Nicolet ont publié sur lui les notes biographiques que voici :
« Édouard Proulx [le dernier de neuf enfants] est né à Nicolet, le 13 juillet 1851, du mariage de Jean-Baptiste-Georges Proulx, cultivateur et député [plutôt conseiller législatif, ndlr], et de Julie Alexander. Il complète ses études au Séminaire de Nicolet (1862-1872) puis il entre chez les Jésuites au Sault-au-Récollet en 1874. Ordonné à Montréal par Mgr Édouard-Charles Fabre, le 6 avril 1886, il prononce ses vœux solennels à Saint-Boniface, en 1889.
« Professeur au collège de Saint-Boniface, tout en étant missionnaire à Brandon (1889-1890). Prédicateur de retraites à Montréal (1890-1899) et Québec (1891-1893). Par la suite, il retourne en missions à Sault-Sainte-Marie (1899-1901), Sudbury (1901-1902), Saint-Boniface (1902-1904), Warren-du-Nipissing (1904-1906), Chapleau (1906-1912) et Massey (1912-1922). De retour à Montréal en 1922, il se retire à l’église du Gésu comme confesseur. Il y est décédé le 11 février 1929. »
Il est inhumé au cimetière jésuite du Sault-au-Récollet.
Édouard Proulx est de la lignée de Pierre Proulx et de Marie Gauthier, la branche aînée des Proulx d’Amérique, établie à l’origine à Champlain, mais dont les descendants ont rapidement fait souche à Nicolet.
Ludwin Proulx – frère Sébastien
1877-1957
Ludwin Proulx, en religion frère Sébastien, est né le 25 décembre 1878 à St-Rémi de Tingwick dans les Bois-Francs, du mariage de François-Éphrem-Cyprien, et de Marguerite-Auréline (Arline) Bergeron. Il est décédé à l’Ancienne-Lorette, aujourd’hui Québec, le 20 février 1957. Il appartenait à la lignée de Jean Prou et de Jacquette Fournier de Montmagny.
Son biographe, le Frère Claude (Albéric Croteau), a raconté dans une langue colorée, les origines familiales de celui qui deviendra un éducateur remarquable au sein de la communauté des Frères du Sacré-Cœur.
« II appartenait à la famille Proulx. Son père, François-Éphrem-Cyprien, homme au grand cœur et aimant à bouger, naissait à Saint-David d’Yamaska et sa mère, Marguerite-Auréline (Arline) Bergeron, femme éminemment pacifique, à Saint- Grégoire de Nicolet. Aussitôt mariés, ses parents allaient, avec plusieurs compatriotes, se tailler une ferme en pleine forêt, dans Tingwick, à 7 milles de l’église Saint-Patrice. Les Romains auraient appelé ce pays les Marches de Tingwick.
« À l’époque de l’établissement, le bois touchait naturellement les habitations, et les colons en tiraient profit surtout en le convertissant en potasse, qu’ils troquaient au village pour des provisions de bouche. Et à mesure que s’élargissait la bande de terre défrichée, les troupeaux de vaches laitières, de porcs et de moutons grossissaient. Une beurrerie ou une fromagerie devant compléter l’industrie laitière, Cyprien Proulx contruisit une fromagerie, qui offrait au moins du service au rang double de 8 milles qui relie le lac Richmond et la branche droite de la rivière Nicolet. Les revenus de cette fabrique, ajoutés à ceux de sa terre et de quelques agences, donnèrent de l’aisance et de la notabilité à ce colon, que les commerçants et les politiciens apprirent vite à traiter avec égard. Son honnêteté, son instruction et sa faconde, du reste, qui lui ouvraient toutes les portes, lui valurent les fonctions de secrétaire municipal, de conseiller, de maire et de marguiller. On dit même que Wilfrid Laurier, le grand homme d’État qui fut 15 ans premier ministre du Canada, lui donnait des tapes sur l’épaule durant les périodes électorales.
« Et la forêt reculant d’une année à l’autre, les champs de céréales, de foin et de pâture couvraient un vaste territoire. Mais de quel œil les bêtes sauvages voyaient-elles les envahisseurs? elles les tenaient tout simplement pour des bienfaiteurs qui pourvoient à la variété de leur provende: le chevreuil « s’empansait » d’avoine, le renard se chipait des poulets et l’ours croquait des moutons.
« Pour un homme vaillant, il vaut la peine de naître dans un tel pays, où il faut engager et soutenir le combat contre une riche nature. Les neuf enfants de Cyprien Proulx et de Marguerite Bergeron virent le jour dans ce milieu mi-civilisé et mi-sauvage, où les grands bois créent du mystère, les fauves de l’effroi, les oiseaux de la poésie, les céréales de la subsistance, et les gens de la gaieté. Ils arrivèrent dans cet ordre: Gédéon, Achille (mort à 2 ans), Joseph, Adélard, Virginie, Alcide, Achille, Henriette et Ludwin. L’aîné naquit en 1864 et le cadet, en 1878.
« L’automne était passé, mais pas les fêtes quand Ludwin vint au monde, car c’était la nuit de Noël. Un cadeau pas du commun que ce poupon rosé qui avait envie de vivre! Comme les autres, toutefois, il dut subir l’épreuve des 14 milles de chemins raboteux pour « être régénéré de l’eau et de l’Esprit-Saint », car l’église de Saint-Rémi n’était alors qu’en promesse, la paroisse ne datant que de 1881. C’est donc à Saint-Patrice de Tingwick que l’enfant fut baptisé le 28 décembre 1878. La marraine l’appela Jean-Marie-Ludwin, mais la coutume ne garda que Ludwin (ludouinne) ».
À l’adolescence, Ludwin entra au collège d’Arthabaska dirigé par les Frères du Sacré-Cœur pour devenir membre de cette communauté en 1893. Il a reçu pas moins de 20 obédiences dans plusieurs villes du Québec comme enseignant d’abord, puis dès 1907, comme directeur d’école. Il a dirigé notamment le collège classique de Victoriaville de 1922 à 1928 puis de nouveau, de 1937 à 1942. Cette institution est devenue le Cégep de Victoriaville en 1969. Il a pris sa retraite à L’Ancienne-Lorette en 1955. Il est décédé à Québec en 1957.
La carrière d’éducateur du frère Sébastien fut exceptionnelle et du reste remarquée. Son biographe le rappelle. Il écrit :
« En 1939, à l’occasion de la visite royale, le Gouvernement canadien fit remettre au F. Sébastien une médaille de bronze à l’effigie de Georges VI et d’Élizabeth en reconnaissance de ses services patriotiques; en 1942, le Département de l’Instruction Publique le nomma Membre de l’Ordre du Mérite scolaire à titre de Très Méritant; en 1949, la Société Saint-Jean-Baptiste de Québec lui décerna un certificat de Reconnaissance Patriotique; et en 1952, le collège Sacré- Cœur de Victoriaville et son Association des Anciens Elèves lui conféra le titre de Chevalier de l’Ordre de la Fidélité Amicaliste ».
Article de M. Jean-Pierre Proulx