Au Québec, le paradis de la généalogie, plusieurs personnes ont longtemps pensé que la généalogie n’était qu’une compilation de dates et d’évènements officiels : naissances, mariages et sépultures. Certains généalogistes considéraient même que leur travail était terminé quand ils avaient complété leur éventail à dix générations avec les dates et parfois les documents officiels attestant de la véracité des évènements.
Le fait de rechercher d’autres informations, comme des résultats scolaires, des lieux d’habitation ou des détails de la vie de ses ancêtres n’étaient vus, par ces gens, que comme des anecdotes sans grande importance pour la Généalogie et l’Histoire, celles à qui l’on attribue des majuscules! Ils pouvaient la qualifier même de curiosité ou à la limite de branche très mineure de l’Histoire.
Pourtant, à bien y regarder, la généalogie précède, et est souvent à l’origine de l’Histoire. Il n’y a qu’à consulter l’histoire de tout roi, de toute reine, de tout grand homme ou de toute grande femme pour faire le même constat : on commence presque toujours par donner sa date et son lieu de naissance, ses parents et sa date de décès. Si ces informations ne sont pas disponibles, l’auteur s’empresse de s’en excuser!
Le même constat peut être fait quand on écrit l’Histoire d’un pays ou d’un peuple: on commence par faire sa généalogie : quels sont ses prédécesseurs, son origine, les lieux occupés durant sa vie, sa descendance et son évolution. Tous ces éléments se retrouvent intimement intriqués dans sa généalogie et dans son histoire, sans qu’on puisse départager où débute l’un et où se termine l’autre.
Le récit de la rencontre de mes grands-parents est considéré par certains comme une anecdote ou un potin, tout juste bon à être écouté poliment. En revanche, la rencontre entre Louis XIV et Marie-Thérèse d’Autriche, sa cousine germaine, est considérée comme étant de l’Histoire , alors que ces deux récits relatent chacun une histoire de rencontre, appuyée par des récits oraux incertains dans les deux cas. Malgré le fait que ces deux rencontres aient eu les mêmes effets, soit des enfants qui ont eu une histoire à leur tour, on les qualifie différemment. Pourtant, ces deux récits font partie de l’Histoire, celle de Louis XVI et la mienne, et, par conséquent, celle de mes enfants et petits-enfants.
Ce fait commence de plus en plus à être reconnu : depuis maintenant deux ans, la Fédération québécoise des sociétés de généalogie organise un concours qui invite les généalogistes à écrire et à publier leurs histoires de famille afin de conserver vivante notre Histoire.
Cette orientation démontre bien, à mon avis, que L’Histoire et la Généalogie ne sont que deux facettes de la grande aventure humaine!
Jean-Luc Laliberté
president@sgsh.org